First Love

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By James Patterson

By Emily Raymond

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In this New York Times bestseller, two high school students leave their hometown on the West Coast to go on an impulsive cross-country road trip in this moving romance about friendship and the power of love.

Axi Moore is a “good girl”: She studies hard, stays out of the spotlight, and doesn’t tell anyone that she wants to run away from it all. The only person she can tell is her best friend, Robinson-and she’s madly in love with him.

When Axi impulsively invites Robinson to come with her on an unplanned cross-country road trip, she breaks the rules for the first time in her life. But the adventure quickly turns from carefree to out-of-control . . .

Excerpt




Pour Jane




À l'automne 2010, j'ai soumis une ébauche de First Love à mon éditeur,

mais en fait, l'histoire avait commencé depuis longtemps.

J'ai été amoureux d'une femme, Jane Blanchard.

Un matin, alors que nous nous promenions dans New York,

elle fut prise d'un violent malaise. Les médecins diagnostiquèrent un cancer,

qui l'emporta en deux ans. Jane mourut, bien trop jeune.

Ma Janie, ton sourire me manque.

J'espère le faire revivre à travers cette histoire d'amour

qui me rappelle la nôtre (sans que je me souvienne d'avoir volé des voitures).

J. P.



« Entrée à l'angle »




« Tu veux… vraiment me faire pleurer ? »




J'avoue, je ne me montre pas sous mon meilleur jour, mais autant le dire tout de suite, je suis une fille sérieuse, le genre bonne élève. Alors forcément, ce jour-là, sécher les deux derniers cours (physique et anglais) m'avait mis les nerfs en pelote. Je me sentais ridicule et j'avais l'impression que ma folle idée ne rimerait à rien.

Quand j'y repense aujourd'hui, je n'en reviens pas d'avoir failli louper l'expérience la plus fantastique, la plus drôle, la plus douloureuse et la plus formatrice de toute ma vie.

Ce que j'étais stupide.

J'attendais dans le café Chez Ernie, surexcitée, l'estomac valsant comme une chaloupe en pleine mer. Je martelais le comptoir de la pointe de mes bottes, jusqu'à ce qu'Ernie – ce vieux croûton rouspéteur – me demande d'arrêter. Mais Ernie étant sourd comme un pot (il a laissé ses oreilles dans les concerts de rock), j'ai continué d'agiter les pieds.

J'étais contente qu'il ne pose aucune question, qu'il ne demande pas pourquoi je me trouvais dans son bar à cette heure-ci, à boire un litre de café (dont j'avais sacrément besoin) au lieu d'écouter M. Fox bavasser sur l'espace-temps. Je lui aurais répondu quoi, au juste ?

Voilà, Ernie – pardon, monsieur Holman –, j'attends un garçon avec qui je ne sortirai jamais. Je vais lui demander un truc dingue, qui va nous sauver ou nous anéantir.

Les angoisses d'ados, Ernie s'en contrefiche, ce qui explique pourquoi personne de mon entourage ne met les pieds dans son café. Sans parler des bonbons couverts de poussière et des barres de Mars qui pourraient servir de pieds-de-biche, tellement elles sont dures.

Mais ça m'était égal. Et le garçon dont je parle s'en moquait aussi. Chez Ernie, on était chez nous.

Ce garçon m'avait fait passer un message plus tôt dans la journée : il avait réussi à le glisser dans mon casier, alors qu'il ne fréquentait plus l'école et que des surveillants étaient postés à l'entrée – de vrais Marines, costauds et baraqués, pour nous protéger d'on ne sait quoi : une manif contre l'ennui mortel de cette ville, peut-être ?

Il s'appelle Robinson. Un jour, je l'ai traité de voyou, histoire de rigoler : il n'a jamais oublié. Il a presque dix-sept ans. C'est mon meilleur ami. Mon complice dans les mauvais coups.

Derrière moi, j'ai entendu la porte s'ouvrir. Rien qu'en regardant Ernie, j'ai compris que c'était celui que j'attendais, à la façon dont son visage s'illuminait, comme si on lui apportait un cadeau. L'effet Robinson : quand il entre dans une pièce, les lumières brillent plus fort.

Robinson s'est approché de moi, a posé la main sur mon épaule.

— Axi, tu t'empoisonnes ! Ne bois jamais de café chez Ernie sans un donut ! Ce truc va te percer l'estomac, a-t-il chuchoté pour finir.

Il s'est approché de son allure dégingandée et a enfourché un tabouret. Nous étions presque en juin, il faisait vingt-cinq degrés dehors, mais Robinson portait une chemise à manches longues et son habituel Levi's délavé.

— Hello, Ernie. T'es au courant ? Paraît que les Timbers ont viré leur entraîneur. Tu nous sers un donut au chocolat ?

— Le foot… a ronchonné Ernie. Ce qu'il nous faut dans l'Oregon, c'est une équipe de base-ball. Des pros. Du vrai sport.

Ensuite, il a déposé la pâtisserie sur une assiette ébréchée.

— Cadeau ! a-t-il dit.

Robinson m'a regardée en souriant.

— J'adore ce type !

Un sentiment partagé, apparemment.

— Bon ? C'est quoi ton idée de ouf ? Tu t'inscris enfin pour passer le permis ? Tu te mets à la bière ? Tu arrêtes de faire tes devoirs ?

Il me taquinait souvent parce que j'étais trop sage. Robinson se prenait pour un mauvais garçon (mon père le pensait aussi) parce qu'il avait laissé tomber le lycée : « pas assez intéressant », « peuplé de décérébrés » – un mot que je lui ai appris, bien sûr. Il n'a peut-être pas tort sur ce point.

— Je vais me planter partout, sauf en anglais.

J'étais réaliste : décrocher mon bac était une perspective qui avait pris du plomb dans l'aile, parce que les épreuves approchaient et que je ne serais probablement pas présente pour les passer. Une semaine avant ce rendez-vous, je n'en aurais pas dormi de la nuit. Mais j'avais arrêté de me ronger les sangs : si mon plan fonctionnait, ma vie allait changer du tout au tout.

— Te connaissant, c'est impossible, a répondu Robinson. Ça fait quoi si t'as la tête dans les nuages ? Tu auras 15 au lieu de 18 ? Tu te lances dans ton grand roman ? Bravo !

— Tu sais, entre le lycée et s'occuper de mon vieux, je n'ai pas le temps d'écrire.

« Vente à emporter »

Cela faisait déjà quelques années que mon père avait touché le fond. Il essayait de sortir de l'alcool. Inutile de s'appesantir là-dessus, mais ça ne marchait pas très bien.

— On se concentre sur notre affaire ? ai-je dit à Robinson, en le tapant sur le bras.

— Dis-moi.

— Je me casse.

La mâchoire de Robinson est tombée d'un cran. J'en profite pour préciser que ses dents sont parfaitement alignées, naturellement, contrairement à celles de votre chère narratrice.




— Ernie ! T'as entendu ça ? a crié Robinson.

J'ai dû lui dire un jour qu'il savait prendre l'air estomaqué, je n'ai jamais oublié ce qualificatif à son propos.

Bien sûr, Ernie n'avait rien capté, pas même la question de mon ami. Robinson a repoussé l'assiette et m'a dévisagée comme s'il me voyait pour la première fois. C'était rare que je réussisse à le surprendre, alors je savourais ce moment.

— T'as lu le livre que je t'ai prêté, Sur la route ?

— Je l'ai commencé… a-t-il répondu, penaud.

Pffff, je passais ma vie à lui donner des livres et lui, de la musique, mais il oubliait de les lire et, de mon côté, mon iPod ne fonctionnait plus. Nos échanges ne rimaient pas à grand-chose, en résumé.

— Je t'explique. Sal, qui est en fait Jack Kerouac, l'auteur, voyage avec ses amis, il rencontre un tas de gens bizarres, il danse dans les boîtes de nuit, escalade les montagnes, parie dans des courses de chevaux. On va faire pareil : on se barre de ce trou et on part sur les routes. De l'Oregon à New York, avec des étapes, bien sûr.

Les yeux de Robinson papillonnèrent. T'es qui, toi ? disaient ses battements de paupières.

Bien droite sur mon tabouret, je lui ai expliqué :

— On commencera par les séquoias, parce que c'est mythique. Après, San Francisco et Los Angeles. Ensuite, direction le Colorado, pour le parc national des dunes de sable. Detroit, la ville de l'automobile, rien que pour toi, parce que c'est ton truc. Comme t'es un accro de la vitesse, on passera au Millenium de Cedar Point, pour les montagnes russes. Deux cents à l'heure, ça va décoiffer ! Coney Island. Le Met pour le temple d'Isis. Tout ce que tu veux, on le verra, on le fera !

Comme j'avais l'air timbrée (je le sais), j'ai sorti une carte pour lui montrer l'itinéraire.

— Voici notre route. Cette ligne violette : c'est nous.

— Nous…

Pas de doute, ma proposition mettait du temps à atteindre son cerveau.

— Oui. Nous. Tu viens. Je n'y arriverai pas sans toi.

C'était vrai. Bien plus qu'il ne l'imaginait. Ou que moi je ne l'imaginais.

Robinson s'est esclaffé, si fort que j'ai eu peur que ce soit sa façon de me dire : « Jamais de la vie, t'as pété un câble, t'es un clone d'Axi ! »

— Si tu ne viens pas, qui me rappellera de prendre un donut avec mon café ?

Je ne voulais pas lui laisser le temps de me sortir des sarcasmes ou d'émettre des doutes.

— Tu sais bien que je n'ai aucun sens de l'orientation. Et si je me perds à Los Angeles ? Si l'Église de scientologie me met le grappin dessus ? Si je perds la boule et que je vois des Martiens ? Si je suis trop bourrée à Las Vegas et que j'épouse un inconnu ? Qui me fera de l'œil quand je réciterai Shakespeare ? Qui me protégera ? Tu ne peux pas laisser une fille de seize ans traverser seule les États-Unis. Ça serait totalement irresponsable.

C'est là que Robinson, toujours plié de rire, m'a pris la main :

— Je suis peut-être un voyou, mais je ne suis pas irresponsable.

Enfin, une parole intelligible.

— Ça veut dire oui ?

Je retenais ma respiration. Robinson a regardé le plafond. Il me torturait à petit feu et le savait parfaitement. Il a attrapé le donut et a mordu tranquillement dedans.

— Ben…

— Ben, quoi ?

Je tambourinais à grands coups de pied dans le comptoir.

Il a passé la main dans ses cheveux foncés, toujours hirsutes, même quand il vient de se les faire couper. Ensuite, il s'est tourné vers moi et m'a regardée d'un œil narquois.

— D'accord !




« Relais routier  Restaurant »




Il était exactement 4 h 30 du matin quand je me suis réveillée et que j'ai tiré mon sac à dos de sous mon lit. J'avais passé toutes les nuits précédentes à le préparer, le défaire, le refaire, pour être certaine de n'emporter que le strict nécessaire : du rechange, du savon de Marseille (bon pour les cheveux, le corps et le reste), un couteau suisse (piqué dans le tiroir de mon père), un appareil photo et, bien sûr, mon journal, que j'emporte partout.

J'oubliais : mille cinq cents dollars en liquide gagnés au cours des cinq dernières années, grâce à ma réputation d'excellente baby-sitter et à mes tarifs de grande professionnelle.

Peut-être qu'une partie de moi-même avait toujours su que je partirais. Sinon, pourquoi ne pas avoir flambé l'argent dans un iPad ou une robe de bal super chic, comme toutes les filles de ma classe ? Cette carte des États-Unis était accrochée depuis des années dans ma chambre et j'avais toujours lorgné dessus en me demandant à quoi ressemblaient le Colorado, l'Utah, le Michigan ou le Tennessee.

Je n'en reviens pas qu'il m'ait fallu tant de temps pour avoir le courage de partir. Après tout, j'avais bien vu ma mère le faire. Six mois après la mort de Carole Ann, ma petite sœur, maman avait séché ses larmes et s'était envolée.

Elle vit dans l'Est à présent, où elle a grandi. Pour autant que je sache, elle n'a plus regardé en arrière.

Peut-être que la bougeotte, c'est génétique. Maman est partie pour échapper à son chagrin. Papa fuit en se réfugiant dans l'alcool.

À mon tour. Je sens que j'y ai droit. Enfin. J'arrive presque à pardonner à maman.

Je me suis habillée, j'ai chaussé mes baskets (en disant au revoir à mes bottes préférées), ajusté mon sac à dos en serrant bien les sangles. Cet appartement, la ville, ma vie allaient me manquer autant qu'à une détenue qui sortirait de taule. Autrement dit : pas le moins du monde !

Mon père dormait encore sur l'affreux canapé du salon. Avant, le motif à fleurs était joliment rose, maintenant, les dessins sont maronnasses, comme si le tissu se fanait, trop négligé dans notre appartement. Je suis passée près de lui sans m'arrêter et j'ai ouvert la porte.

J'entendais juste un léger ronflement, mon père ne remua pas un cil. Au cours des dernières années, il s'était habitué aux départs. Est-ce que ce serait grave qu'un autre membre de la famille Moore disparaisse de sa vie ?

Dehors, j'ai fait une pause. Je pensais à mon père qui se réveillerait, irait dans la cuisine en titubant pour se faire un café. Il remarquerait comme je l'avais laissée propre et m'en serait vraiment reconnaissant. Peut-être qu'il déciderait alors de rentrer plus tôt de son travail, ce soir, pour nous préparer un dîner familial (enfin, à ce qu'il reste de notre famille). Ensuite, il m'attendrait, assis à table, comme je l'ai attendu tellement de soirs, jusqu'à ce que le repas soit froid.

Alors seulement, il se rendrait compte que j'étais partie.

Une douleur sourde m'a oppressée. J'ai fait demi-tour pour revenir sur mes pas.

Papa dormait sur le dos, la bouche ouverte, ses chaussures aux pieds. J'ai posé doucement la main sur son épaule.

Ce n'est pas un mauvais père, après tout. Il paye le loyer et les courses, même si c'est moi qui les fais, la plupart du temps. Quand on discute, ce qui n'arrive pas souvent, il m'interroge sur l'école et les amis. Je réponds toujours que tout est génial, parce que je l'aime suffisamment pour lui mentir. Il fait de son mieux, même si ce mieux n'est pas super.

J'avais vainement tenté d'écrire des dizaines de lettres d'adieu. Une version pleurnicheuse : S'il te plaît, papa, comprends-moi. Je devais le faire. Flatteuse : Ce sont ton amour, ton souci de bien faire pour moi qui me donnent la force d'entreprendre ce voyage. Littéraire : Comme l'a écrit le grand poète irlandais, George Bernard Shaw, « Vivre, ce n'est pas se trouver, c'est se créer », alors je pars pour me créer, papa. Cruelle : T'inquiète pas pour moi, je m'assume. Après tout, c'est bien ce que je fais depuis que maman est partie. Finalement, aucune ne m'a semblé juste, je les ai toutes jetées.

En me penchant un peu plus sur lui, j'ai senti les relents de bière, de sueur et d'après-rasage trop poivré.

« Papa… »

Au fond de moi, je souhaitais qu'il se réveille et m'empêche de partir. Une faible et infime partie de mon être qui voulait redevenir petite fille, entourée d'une famille qui ne soit ni malade ni brisée. Mais ça n'arriverait plus, n'est-ce pas ?

J'ai embrassé mon père sur la joue et je suis partie pour de bon.




Robinson m'attendait dans l'arrière-salle d'un restaurant ouvert toute la nuit, sur Klamath Avenue, près de la gare routière. Par terre, un sac à dos. On aurait dit qu'il l'avait acheté à un vagabond en échange d'une pièce et d'un sandwich. Mon ami ressemblait à un chien de garde ne dormant que d'un œil. Il m'a regardée approcher à travers la vapeur qui montait de son café.

— J'ai commandé de la tarte.

La serveuse est arrivée à point nommé pour servir une assiette poisseuse contenant une part de tarte aux myrtilles.

— Vous êtes des lève-tôt ! nous a-t-elle lancé.

Il faisait encore nuit. Même les oiseaux dormaient encore.

— Nous sommes des vampires, a répondu Robinson. Un dernier en-cas avant d'aller se coucher.

Il a louché sur le badge de la serveuse et lui a adressé un sourire radieux.

— Ne le répétez pas, Tiffany, je ne veux pas qu'on me plante un pieu dans le cœur. Je n'ai que cinq cents ans, je suis encore trop jeune et trop charmeur pour mourir !

Elle a éclaté de rire.

— Dites, votre petit copain, il drague fort !

— On ne sort pas ensemble, me suis-je empressée de préciser.

La réponse de Robinson ne s'est pas fait attendre :

— Elle me l'a demandé, mais j'ai dit non.

— Menteur ! C'est l'inverse !

Et je lui ai flanqué un coup de pied sous la table.

— Vous êtes deux sacrés numéros, a conclu Tiffany.

Elle n'était pas beaucoup plus âgée que nous, mais elle hochait la tête comme une mère avec ses garnements.

— Faites donc votre petit numéro sur la route.

— Vous ne croyez pas si bien dire, Tiffany, a répondu Robinson, en mordant dans la tarte.

Il a poussé l'assiette vers moi, mais j'ai refusé : je ne pouvais rien avaler. J'avais tenu avec les nerfs, mais maintenant, j'étais sur le point d'exploser. Avais-je déjà réalisé un truc aussi fou, aussi énorme ? Je n'avais jamais osé ne serait-ce que rentrer en retard à la maison.

— Dépêche avec ta tarte. Le car pour Eureka part dans quarante minutes.

— Pardon ?

— Allô ! Le caaaar ! Tu sais, le grand machin qui va nous transporter. Alors, grouille.

Robinson a explosé de rire, je me suis demandé si je n'allais pas lui flanquer un deuxième coup de pied. Inutile d'être un génie pour comprendre qu'il se moquait de moi.

— Qu'est-ce que j'ai dit de drôle ?

— Axi, Axi, Axi ! C'est le voyage de notre vie. On ne va pas y aller en car !

— Hé ! Qui gère, ici ? Qu'est-ce qu'il y a de mal à prendre l'autocar ?

— Tout est nul avec le car. Je t'explique pour que tu arrêtes de me regarder avec tes grands yeux bleus. C'est notre voyage, Axi, je ne veux pas le passer à côté d'un type qui sort de prison ou d'une vieille qui va me montrer les photos de ses petits-enfants.

Il a marqué une pause et m'a pointée de sa fourchette.

— En plus, l'autocar est un gigantesque bouillon de culture plein de méchantes bactéries et ça prend bien trop de temps pour se déplacer… Voilà ! C'étaient mes deux derniers jokers !

— OK, Robinson, mais j'ai vérifié avant de venir, mon jet privé n'était plus garé dans la rue.

— Qui a dit qu'on irait en avion ? On va prendre une voiture, idiote.

Il s'est vautré dans son siège, a croisé les mains derrière la tête, nonchalant, détendu.

— Je dis bien : prendre une voiture, a-t-il précisé.




— Qu'est-ce que tu fous ?

J'ai râlé parce que Robinson m'emmenait vers une rue adjacente. Avec ses jambes deux fois plus longues que les miennes, j'étais obligée de courir pour rester à sa hauteur.

Arrivés au croisement, j'ai attrapé son bras pour l'obliger à se tourner vers moi. Les yeux dans les yeux. Le voyou face à la revêche.

— Nan, mais t'es sérieux ? Dis-moi que c'est pas sérieux.

— Tu t'es occupée de l'itinéraire, laisse-moi trouver la voiture, a t-il répondu avec un grand sourire.

— Robinson…

Il a dégagé son bras et l'a mis sur mes épaules, genre grand frère condescendant.

— Relax, BG, tu vas prendre ta première leçon de sélection.

— Ma leçon de quoi ? Et ne m'appelle plus jamais comme ça.

BG, c'est pour « belle gosse ». Il me rend folle quand il le dit.

— Tu vois, celle-ci, c'est une Jaguar. Un bijou. Mais c'est un modèle XJ6. Ces petites bêtes-là ont des problèmes de filtres à huile. Tu ne voudrais pas que le filtre de ta voiture volée ait une fuite, n'est-ce pas, Axi ? Parce qu'il pourrait prendre feu et toi, tu mourrais brûlée dans les flammes ou tu te retrouverais derrière les barreaux pour vol aggravé.

Il m'a conduite un peu plus loin devant un monospace vert.

— Une Dodge. Spacieuse, fiable. Sauf que toi et moi, on est des aventuriers, pas des mères de famille nombreuse.

C'est là que j'ai décidé de jouer le jeu.

— OK. Et sur celle-ci, tu dis quoi ?

Après un bref coup d'œil à la voiture que je pointais du doigt, il a pris un air pensif.

— Une Toyota Matrix. Bon choix. Mais j'en cherche une qui ait davantage de style.

Le soleil commençait à poindre à l'horizon, les oiseaux étaient réveillés, ils chantaient dans les arbres qui bordaient les rues. Nous marchions toujours, mais je sentais des signes d'animation dans les maisons. Qu'est-ce qui allait se passer, si un gars, sortant de chez lui ramasser son journal, nous apercevait en train de reluquer les voitures du quartier ?

— Viens, Robinson. On y va.

J'avais encore l'espoir d'attraper le car. Il nous restait dix minutes.

— J'aimerais juste trouver la caisse parfaite, a-t-il répondu.

Un éclair a fusé face à nous. C'était blanc et rapide, ça se dirigeait vers nous. J'ai sursauté et me suis collée à Robinson.

Il a ri et m'a serrée contre lui.

— Du calme, Axi ! C'est juste un chien !

— C'est ce que je constate… maintenant.

Le pire, c'est que ce n'était même pas un molosse, mais une petite crotte de rien du tout, à la fourrure hirsute. Sans collier, ni plaque. La main tendue, je me suis avancée vers lui, le chien a tressailli, a tourné en rond puis s'est dirigé vers Robinson (bien sûr) pour lui lécher la main. Ce fichu cabot s'est allongé à ses pieds et Robinson l'a caressé.

— Robinson ! Autocar ou voiture volée, c'est l'heure.

Genre:

  • Praise for First Love:

    A New York Times Bestseller
  • "Grab a box of tissues before sitting down to read First Love. I smiled and chuckled more than I shed tears, but the bittersweet ending was very powerful."—harlequinjunkie.com

On Sale
Dec 15, 2015
Page Count
336 pages
Publisher
jimmy patterson
ISBN-13
9780316207034

James Patterson

About the Author

James Patterson is the world’s bestselling author, best known for his many enduring fictional characters and series, including Alex Cross, the Women’s Murder Club, Michael Bennett, Maximum Ride, Middle School, I Funny, and Jacky Ha-Ha. Patterson’s writing career is characterized by a single mission: to prove to everyone, from children to adults, that there is no such thing as a person who “doesn’t like to read,” only people who haven’t found the right book. He’s given over a million books to schoolkids and over forty million dollars to support education, and endowed over five thousand college scholarships for teachers. He writes full-time and lives in Florida with his family.

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